
Sortons le Québec du nucléaire!
Gentilly-2
La centrale Gentilly-2 utilise un réacteur nucléaire de type CANDU qui consomme l’uranium naturel en fissionnant l’isotope d’uranium-235. Les produits de cette fission constituent des déchets hautement radioactifs qui s’accumulent à Gentilly au rythme de 100 tonnes par année. Pour faciliter la fission de l’uranium-235, une grande quantité d’eau lourde sert de modérateur de neutrons. Dans l’eau lourde fabriquée par l’industrie, l’hydrogène naturel a été remplacé par un isotope d’hydrogène deux fois plus lourd, le deutérium. D’ailleurs, le «DU» dans le nom du CANDU symbolise le deutérium.
Une conséquence extrêmement désavantageuse de l’utilisation de l’eau lourde dans le réacteur est que les neutrons omniprésents en transmutent une partie en eau dite «tritiée», c’est-à-dire une eau où un atome de deutérium a absorbé un neutron et est devenu un atome de tritium. Cet atome radioactif a une demi-vie de 12,3 ans, ce qui signifie qu’après 12,3 ans il en reste la moitié de la quantité initiale, après 24,6 ans le quart, et ainsi de suite. Ce n’est qu’après 123 ans qu’il en reste qu’une quantité négligeable.
La Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) publie sur son site web (www.cnsc-ccsn.gc.ca), ainsi qu’Hydro-Québec (site www.hydroquebec.com/gentilly-2/etudes.html), les quantités de tritium émises chaque année par la centrale Gentilly-2. Les émissions annuelles dans l’atmosphère sous forme de vapeur d’eau tritiée sont environ 200 trillions de becquerels, les émissions d’eau tritiée dans le fleuve Saint-Laurent sont plus de 400 trillions de becquerels. L’unité de radioactivité «becquerel» signifie une désintégration de tritium par seconde. Cette désintégration est comme un coup de pistolet microscopique qui émet une particule, un électron, qui possède une énergie de 5 700 électron-volts. Cette énergie est suffisante pour briser environ une centaine de liens moléculaires dans les protéines et l’ADN de nos cellules biologiques, d’où sa dangerosité.
Ces émissions de tritium ont un effet négatif sur la santé parce que la pluie et la neige précipitent le tritium sur les fermes avoisinantes et le font entrer dans la chaine alimentaire par le lait, le fromage et les légumes. La CCSN a publié sur son site des données révélant des concentrations de radioactivité de 209 becquerels par litre (Bq/L) dans l’eau potable près des centrales CANDU et jusqu’à 695 Bq/L pour des légumes. De son côté, Hydro-Québec a révélé des concentrations de plusieurs milliers de Bq/L sur le territoire de la centrale Gentilly-2.
Il faut mettre ces nombres dans le contexte des normes internationales qui réglementent la concentration du tritium dans l’eau potable. Au Canada la norme est 7000 Bq/L, mais aux États-Unis elle est de 740Bq/L, telle que mise en vigueur par Environmental Protection Agency (EPA). Le comité Ontarien ODWAC (Ontario Drinking Water Advisory Council) a recommandé en 2009 d’améliorer la norme ontarienne au niveau de 20 Bq/L. Le groupe TAP (Tritium, alerte publique ; en Ontario Tritium Awareness Project) a fait la même proposition au ministère québécois de la santé, qui étudie maintenant la question.
Si une personne consommait tous les jours de l’eau tritiée au niveau de 7000 Bq/L, cela ajouterait une dose d’environ 0,4 millisieverts au rayonnement annuel atteignant chaque personne, rayonnement qui se situe en général entre 1 et 2 millisieverts par année. Le millisievert est une unité de dommage biologique, le type de dommage le plus dangereux étant constitué par des bris de l’ADN dans les cellules.
Il est bien évident que la présente norme canadienne est non seulement une grave menace pour la santé mais aussi une menace directe envers l’exportation de produits agricoles vers les États-Unismines
Actuellement, au Québec, aucune mine d’uranium n’est exploitée. Par contre, plusieurs compagnies font de l’exploration dans le but de trouver des gîtes à haute teneur en uranium, notamment dans les régions des Hautes-Laurentides, de l’Outaouais, de l'Abitibi-Témiscamingue, du Nord-du-Québec, du Saguenay-Lac-Saint-Jean, des Laurentides et de la Côte-Nord.
Les compagnies qui font de l’exploration procèdent par carottage, sur les terrains qu’ils ont acquis, pour déterminer le taux de concentration en uranium de ces derniers. Si le taux est assez élevé et que le gîte est considéré comme rentable, la compagnie d’exploration vend ses parts à une compagnie d’exploitation, qui elle s’occupera d’extraire le minerai et de le vendre. Fait à noter, en général, les taux de concentration en uranium sur les gîtes sont très faibles, faisant en sorte que d’énormes surfaces doivent être exploitées pour extraire le minerai uranifère.
L’extraction de l’uranium nécessite l’utilisation d’une énorme quantité d’eau, laissant cette dernière contaminée par la suite, et laisse aussi une énorme quantité de déchets. Par exemple, à une concentration de 1 %, l’extraction de 100 tonnes de minerai donnera 1 tonne d’uranium et 99 tonnes de déchets radioactifs.
Mais là n’est pas le seul problème. En effet, pour extraire l’uranium du minerai, on utilise un procédé spécial que l’on appelle la concentration, où plusieurs produits chimiques et extrêmement toxiques sont utilisés pour obtenir le « Yellow cake », sorte de pâte jaune d’uranium. Cette concentration est faite sur place, laissant ces produits chimiques éparpillés dans la nature et contaminant le sol, les cours d’eau, les nappes phréatiques…
L’exploitation uranifère a également un impact direct sur la santé des mineurs et des populations avoisinantes. Les matières radioactives, sous forme de fines particules, peuvent se retrouver à l’intérieur du corps humain de plusieurs façons : ingestion, respiration, ou contact via des lésions. Et une fois à l’intérieur du corps, elles peuvent causer beaucoup de dommages : mort ou mutation génétique des cellules, diverses maladies, cancers ou autres problèmes de santé.
Uranium
L’uranium est un métal lourd qui sert, entre autres, à alimenter les centrales nucléaires. C’est un élément instable qui se désintègre et se transforme spontanément au fil des ans.
Ce dernier se transforme quand à lui en gaz lourd, le radon. Ces sous-produits sont tous hautement toxiques et radioactifs, mais la plus grande particularité de l’uranium est qu’il produit du radon qui est très radioactif. Ce gaz est même considéré au États-Unis comme la deuxième cause en importance du cancer du poumon. Sa lourdeur fait en sorte qu’il reste au sol, étant ainsi respiré par les travailleurs des mines d’uranium, où les populations avoisinantes, s’il est poussé par le vent.
Reacteur nucleaire CANDU
Le réacteur CANDU, conçu au Canada dans les années 1950 et 1960, est un réacteur nucléaire à l'uranium naturel (non enrichi) à l’eau lourde pressurisée, développé par Énergie atomique du Canada Limitée. L'acronyme « CANDU » signifie CANada Deuterium Uranium en référence à l'utilisation de l'oxyde de deutérium et du combustible à l'uranium naturel.
Le deutérium est un élément naturel, soit un isotope de l’hydrogène. C’est une composante de l’eau lourde utilisée pour modérer les neutrons et transporter l’énergie thermique produite par la fission de l’uranium-235 dans le cœur du réacteur nucléaire.
Du point de vue de l’énergie nucléaire, l’eau lourde offre l’avantage de pouvoir alimenter le réacteur CANDU avec de l’uranium naturel. Du point de vue de la santé, le désavantage est que sous l’effet du bombardement neutronique, l’eau lourde devient fortement radioactive à cause de la transmutation du deutérium en tritium, un isotope de l’hydrogène qui est radioactif. Le réacteur CANDU émet chaque jour de la vapeur d’eau tritiée dont le niveau de réactivité est en moyenne d’environ 500 milliards de becquerels. Un becquerel signifie une désintégration par seconde. Cette vapeur d’eau tritiée est transportée par le vent et est, peu à peu, déposée sur le territoire par la pluie et le vent.
DÉCHETS nuclÉaires
Il faut distinguer deux types de déchets nucléaires : d’une part, il y a le combustible irradié, qui se compose des grappes de pastilles d’uranium ayant été utilisées pour alimenter la centrale, et d’autre part, il y a les déchets nucléaires d’exploitation, qui sont tous les autres déchets devenus radioactifs après avoir été soumis aux radiations.
ISotopes MÉDICAUX
Les isotopes médicaux ont été utilisés dans les diagnostics médicaux longtemps avant la découverte de la fission nucléaire. On les utilise généralement pour la recherche médicale, le dépistage du cancer, la stérilisation des équipements médicaux et, beaucoup plus rarement, pour le traitement de certains cancers.
Les isotopes médicaux les plus courants produits en réacteurs nucléaires sont le cobalt-60 et le molybdène-99 (Mo-99). Ce dernier se dégrade en un isotope métastable appelé technetium-99m qui a une demi-vie de seulement six heures. Les rayons gamma de ce produit sont moins «agressifs» que ceux du cobalt-60; il est donc préféré car il donne de bonnes images diagnostiques en envoyant une moins forte dose de radiation au patient. Le problème, avec le Mo-99, c'est qu'il ne peut être produit qu'en réacteur nucléaire, et ce, en utilisant de l'uranium extrêmement enrichi. Enrichi à 95 %, c'est-à-dire au point d'être convoité par l’industrie de l'armement nucléaire.
Le réacteur de Chalk River produisait justement du Mo-99 avant que les problèmes commencent... Ce réacteur aurait dû prendre sa retraite en 2000, mais il doit reprendre du service pour encore dix ans malgré son usure et sa fatigue. La corrosion de ses parois a mené à un incident qualifié de «très légère fuite d'eau lourde» par un porte-parole officiel d’Énergie atomique Canada limitée (EACL). La fuite dans l'environnement s'est produite à la suite d'une panne d'électricité.
Un autre grave problème lié à l'utilisation de l'uranium enrichi à 95 % dans la production d'isotopes médicaux est celui de l'approvisionnement du réacteur. Aux États-Unis, l'Institut de contrôle nucléaire (NCI) s'est rendu jusqu'en cour pour empêcher la livraison d'uranium enrichi (HEU, highly enriched uranium) à Chalk River à cause d'une loi (the Schumer Amendment) qui a pour but d'arrêter toutes les exportations de HEU vers d'autres pays.
Il existe des solutions de rechange à l’utilisation du technetium-99m en tant qu’isotope médical, soit le thallium-206, qui peut être produit dans un cyclotron sans utiliser d'uranium, et les TEP-scans, qui se combinent avec un radio-isotope de courte durée appelé fluorine-18, radio-isotope également produit dans un cyclotron sans uranium. Il est également possible d’utiliser du fluorure de sodium pour faire des examens osseux, détecter des fractures cachées, ou être employé pour des cas de cancer du sein et de la prostate.